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CIDUNATI - l'historique

 

 

de 1968 à 1984

 

8 décembre 1968, à la Batie-Montgascon dans l’Isère, une trentaine d’artisans et de commerçants sont réunis dans la salle du conseil municipal de la mairie, pour entendre un démarcheur d’une mutuelle de Lyon leur expliquer les modalités de la nouvelle loi sur l’assurance maladie maternité obligatoire, votée le 12 juillet 1966 et ses décrets d’application pour les travailleurs non salariés, non agricoles. A l’énoncé de ces textes, l’assistance proteste et dénonce cette loi comme inacceptable et accuse les instances représentatives de trahison. A l’unanimité, les artisans et commerçants présents, décident d’adresser au préfet une motion de protestation.

 

Ce qui est mis en cause, c’est la lourdeur des cotisations demandées par rapport aux prestations couvertes et à la faiblesse des taux de remboursement des frais et soins médicaux. De plus il est prévu une cotisation obligatoire, qui se fera par un prélèvement d’office sur les pensions des retraités dont les montants sont déjà très faibles.

 

Le système de mise à feu de la contestation est déclenché et un jeune cafetier de 22 ans, Gérard NICOUD récemment installé dans le village en prend la tête. Un jeune artisan des métiers à tisser, Maurice MESNY, issu de la région va de village en village pour porter la contestation et recueillir de nouvelles adhésions.

 

Mi février 1969, 9600 signatures ont été réunies dans le seul département de l’Isère. Gérard NICOUD et Maurice MESNY accompagnés d’artisans et de commerçants collent des affiches pour appeler à un grand meeting au Palais des Glaces de Grenoble.

 

Le meeting organisé a lieu le 17 février, il réunit 15000 personnes. Les dirigeants des organismes traditionnels représentants les artisans et commerçants, PME, CAPEB, CNAM, ont été invités, mais n’ont pas daigné se déplacer, seul Pierre POUJADE se présente, mais accueilli au cri de trahison, il est très vite obligé de se retirer sous les huées et les quolibets.

 

Dans une ambiance houleuse, le député de l’Isère Aimé PAQUET, prend la parole en reconnaissant que la loi est mauvaise, il accepte de soutenir le mouvement sous réserve que celui-ci reste dans la légalité. En réponse Gérard NICOUD conclut sous les applaudissements, que le seul moyen de se faire entendre de la redoutable machine qu’est l’Etat, c’est de descendre dans la rue. L’exemple de mai 68 en a été la démonstration. La révolte est lancée.

 

Au mois de mars, des milliers de retraités voient leurs maigres retraites amputées par le prélèvement de la cotisation maladie obligatoire. A la Batie-Montgascon, Gérard NICOUD et Maurice MESNY voyant les plaintes affluer, créent un comité de défense (CID) sous forme d’association loi 1901. Un courrier adressé au Président de la République, le Général de GAULLE et au ministre des affaires sociales reste sans réponse. Par contre au Conseil des ministres du 19 mars, plusieurs mesures sont mises en place pour apaiser les esprits, notamment l’annonce de la création d’une direction de l’artisanat au ministère de l’industrie.

 

Gérard NICOUD et quelques amis considérant ces mesures comme insuffisantes, décident de tenter une action spectaculaire pour se faire entendre. Le 9 avril après une nuit de contact en porte à porte, ils mobilisent 400 personnes et investissent à 9 heures la perception de la Tour du PIN. Ils vident armoires et tiroirs, chargent les dossiers dans des camionnettes et jettent dans la rue ce qui n’a pu être emporté. L’après midi même, NICOUD menace par voie de radio de brûler les dossiers, si les retraites ne sont pas versées intégralement.

 

Le lendemain matin, Gérard NICOUD est arrêté et incarcéré à la prison de Saint Paul de Lyon. Le vendredi 11 mars après midi, MESNY à la tête de 4000 manifestants bloque Bourgoin pour faire libérer NICOUD. Vers 18 heures, les CRS chargent les manifestants et après 5 heures d’affrontements violents au cours desquels il y a eu de nombreux blessés, les contestataires se retirent. Ils ont non seulement un martyr, mais également un mouvement, Le Mouvement de la Tour du Pin dont Maurice MESNY prend la présidence et Gérard NICOUD en devient le Secrétaire Général. L’affaire a pris une ampleur nationale, le 21 avril NICOUD est mis en liberté provisoire et le précompte ne sera plus retenu sur les retraites.

 

Avril 1969, au cours du référendum, Le Général de Gaulle est mis en minorité et se retire. Les responsables de Mouvement de la Tour du Pin décident de cesser toute action jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

 

En juin, MESNY partisan d’une entente avec Pierre POUJADE de l’UDCA, est en désaccord avec NICOUD qui est opposé à cette proposition. Un vote est alors organisé et MESNY mis en minorité par 203 voix contre 54 démissionne.

 

15 juin 1969, Georges POMPIDOU est élu Président de la République, un télégramme lui est adressé pour lui rappeler ses promesses électorales concernant l’assurance maladie.

 

Gérard NICOUD prend la tête du comité de défense des artisans, commerçants et professions libérales (CIDCAPL), il est partisan d’un durcissement du mouvement et d’une action soutenue.

 

Peu à peu, la contestation gagne l’ensemble du territoire, des milliers de commerçants et d’artisans refusent de payer leurs appels de cotisation maladie, ou les brûlent, ils y répondent par des actes de violence. A Morlaix, 5000 personnes réunies en meeting brûlent des feuilles d’impôts et d’assurance maladie et dans le Pas de Calais se crée un mouvement dur mené par M. BUISINE.

 

Juillet 1969, le Mouvement de la Tour du Pin se transforme en mouvement national, le CID (Comité d’Information et de Défense) Gérard NICOUD et Maurice MESNY se contentent de vice-Présidences et laisse la Présidence à BUISINE.

 

Août 1969, Robert BOULIN ministre des affaires sociales, organise des tables rondes les 5 et 26 août à Paris, Gérard NICOUD y participe, ainsi que Pierre POUJADE, malgré les protestations des organisations traditionnelles. Résultat, le ministre s’engage à préparer un projet de loi visant à améliorer les prestations du régime maladie.

 

Malgré ces promesses, le 25 septembre, dans l’Isère 2000 personnes venues de l’Ain, du Rhône, de la Savoie et bien entendu du département, se réunissent et dans une ambiance survoltée, BUISINE chauffe la salle par un discours violent. Résultat, deux policiers des renseignements généraux qui étaient présents sont enlevés et accompagnés pour manifester devant la préfecture de la Tour du Pin.

 

Dans la nuit, Gérard NICOUD apprend qu’un mandat d’arrêt est lancé contre lui, il donne l’ordre de dispersion et s’enfuit caché dans le coffre d’une voiture pendant que les deux policiers sont relâchés dans l’Ain. Le lendemain, neuf dirigeants du CID sont arrêtés. Gérard NICOUD se cache pendant deux mois et en profite pour mettre en place un réseau de communication surnommé MANDRIN. Le 26 novembre, il se présente au palais de justice de Grenoble, ou il est appréhendé et condamné en appel à six mois de prison avec sursis, le soir même il est remis en liberté.

 

Le 9 mars 1970 à Paris au Parc des Princes, le CID rassemble 40.000 sympathisants venus de toute la France. Une délégation se présente à Matignon, où CHABAN-DELMAS, Premier Ministre refuse de les recevoir. En réaction, les militants organisent une opération escargot dans la capitale et bloquent le boulevard périphérique.

 

Avril 1970, le CID fusionne avec une autre organisation l’UNATI, ce qui constituera désormais le CIDUNATI. La nouvelle entité qui vient de naître, enlève lors d’élection pour siéger aux conseils d’administration des caisses maladies, 114 sièges sur 468 qui étaient à pouvoir.

 

Le 21 juin a lieu le premier Congrès National du CIDUNATI, Gérard NICOUD est élu secrétaire général, assisté d’une collégiale de 21 membres.

 

Le 8 octobre, le CIDUNATI participe à la première plénière des administrateurs élus du régime maladie, au cours de la laquelle dans une ambiance tendue, il se heurte au front commun des organisations traditionnelles et ne peut présenter une motion que dans un immense chahut. Il n’obtient pas le remboursement du gros risque à 100% et ce n’est que quelques jours plus tard, que le ministre Robert BOULIN imposera cette prise en charge par décret en décembre. C’est une belle victoire du CIDUNATI.

 

Fin 1970, le CIDUNATI couvre 82 départements et revendique 80.000 adhérents. Dorénavant, ses objectifs sont : le problème des retraites et les élections des chambres de métiers de novembre 1971.

 

Pour la retraite vieillesse, lors des tables rondes, elle avait été évoquée et le ministre avait laissé entendre qu’il était prêt à en reparler avant la fin 1970. Ne voyant rien venir NICOUD organise le 17 mars à 17 heures à Libourne, ville dont Monsieur BOULIN est maire, une manifestation d’environ 2000 personnes. De violents affrontements s’ensuivent, le Maire étant absent et NICOUD se rendant à un autre meeting, il n’y aura pas eu de rencontre. Par la suite, NICOUD est condamné à 14 mois de prison et est incarcéré le 24 novembre à la prison de Bourgoin.

 

Aux élections des chambres de métiers de novembre 1971, le CIDUNATI obtient un premier succès avec 173 élus et 6 présidences de Chambre, dont celles du Pas de Calais, de l’Oise et des Alpes maritimes.

Février 1973, le CIDUNATI rassemble 15.000 personnes aux palais des sports et obtient d’Edgar FAURE, le remboursement des soins dentaires et optiques pour tous les travailleurs indépendants.

 

1974, le CIDUNATI enlève la présidence de 21 caisses maladies sur 27, ce qui permet à Gérard NICOUD d’être élu président de la CANAM. Etienne REGNIER, peintre en lettre lui succède à la tête du CIDUNATI et sous sa présidence, les militants occupent la caisse retraite des artisans la CANCAVA, pour protester contre les augmentations des cotisations.

 

Toujours en 1974, des militants de Charente et Charente Maritime entreprennent derrière un corbillard, une marche sur Paris pour protester contre l’inquisition fiscale. Dans chaque département traversé, le cortège grossit et ce sont 6000 personnes qui arrivent à Paris, où le CIDUNATI se rend rue de Lille et occupe le ministère du commerce et de l’artisanat.

 

Le CIDUNATI très actif, monte des opérations spectaculaires, dans le Val de Marne, un cortège accompagne deux bouchers qui vont payer leur patente avec une brouette pleine de pièces de 5, 10 et 20 centimes, une opération identique est menée dans les Hauts de Seine et un centre des impôts est occupé dans le 12ème arrondissement de Paris.

 

20 janvier 1975, aux élections des chambres de métiers, le CIDUNATI remporte plus de 47% des sièges dans le collège patronal avec 1000 élus et 25 présidences. Il renforce ses positions dans les assemblées et les bureaux des chambres de métiers et prend le contrôle de la Chambre Interdépartementale de Paris. Surtout, il accroît son influence sur l’ensemble du pays et dans les zones urbaines.

 

Gérard NICOUD peut alors être reçu par le Président de la République Monsieur Valéry GISCARD d’ESTAING et par le chef de l’opposition Monsieur François MITERRAND.

 

Les présidents de chambres de métiers CIDUNATI se réunissent pour rédiger une charte de l’artisanat. A l’instigation de Marcel BOUYER, sont constitués des syndicats professionnels et interprofessionnels.

 

1975, NICOUD démissionne avec fracas de la CANAM ou il est remplacé par son adjoint BOUCARD.

 

Toujours en 1975, un Congrès extraordinaire est réunit pour modifier les statuts et adopte la forme d’une confédération intersyndicale loi 1884, tout en gardant l’association loi 1901. Il gardera les deux entité jusqu’en 1990, date à laquelle il fonctionnera uniquement en intersyndicale 1884.

A partir de 1976, le mouvement s’assagit, il faut dire que l’action des pouvoirs publics en faveur de l’artisanat et du commerce, notamment l’effet de la loi ROYER de fin 1973, a enlevé au CIDUNATI la justification de ses actions violentes pour ses revendications initiales.

 

Le mouvement étant moins présent sur la scène syndicale, sa représentativité s’en ressent, pourtant il est toujours présent et vigilant à la défense des artisans et commerçants. Des militants CIDUNATI siégent dans les conseils d’administration des caisses maladies et retraite, dans les conseils de prud’hommes, aux chambres de métiers, aux chambres et tribunaux de commerce, dans les commissions départementales des impôts, autrement dit partout ou l’entrepreneur individuel est en danger.

 

de 1984 à Aujourd'hui

En ce qui concerne Gérard NICOUD, il quittera le CIDUNATI en 1984, il sera remplacé à la tête du syndicat par André VONNER qui sera secrétaire général jusqu’en 1990, date à laquelle il sera lui-même remplacé par Alexandre PROUST qui sera secondé par 2 secrétaires adjoints, Jack LE CLAINCHE et Jacques GERBAULT. 1991, au congrès de Saint Clair de la Tour, Jack LE CLAINCHE est élu secrétaire général.

 

1992, le CDCA Bretagne adhère au CIDUNATI. Le 8 novembre, au congrès de Montpellier, la création d’un poste de Président national est décidé, Jack LE CLAINCHE y est élu avec Jacques GERBAULT comme vice président, devant une assemblée de 250 délégués.

 

Les 5 et 6 novembre 1995, Jacques GERBAULT est élu président, en 1996 au congrès de Gap après une modification des statuts, il est réélu pour 2 ans.

 

Depuis, les Présidents se sont succédés, Roland TEMPESTI, Henri WALBERT, Daniel ROYER, Louis COUASNON et enfin Jack LECLAINCHE qui a été élu le 18 novembre 2012 pour 2 ans, puis réélu en 2014 et 2016.

Il est bon et important d’ajouter que dans les Caisses du RSI le CIDUNATI est bien représenté, puisqu’il est un groupe important des conseils d’administration.

 

A présent, le CIDUNATI devenu selon les apparences, un syndicat traditionnel, reste encore le seul syndicat patronal véritablement revendicatif, il s’est opposé à la promulgation des 35 heures, à l’implication des URSSAF dans ses régimes sociaux, à la loi LME, à l’ouverture du dimanche, il est à l’écoute des travailleurs indépendants et leur vient en aide à chaque fois que possible. Si aujourd’hui le CIDUNATI est peu connu des jeunes, c’est que les pouvoirs publics font tout pour l’occulter, car ce qu’il craignent le plus, c’est qu’un jour il ne se réveille.